Comment, pourquoi êtes-vous devenu président du Coq ?
On est venu me chercher ; mon prédécesseur avait démissionné et était parti un peu vite. J'ai d'abord cru à un gag : je n'étais pas du tout préparé à cela ; ensuite, je me suis dit : « Pourquoi pas ? ». Mais je ne me rendais pas du tout compte de l'ampleur de la tâche. Heureusement, j'ai eu une équipe de dirigeants qui a adhéré, parce qu'après tout, moi je ne suis que la partie émergée de l'iceberg.
Quelle a été alors votre politique ?
On a cherché à utiliser les gens en fonction de leurs compétences et ça a bien marché. En somme c'était « la bonne personne au bon endroit ».
Mais aujourd'hui vous cédez la place. Le pourquoi de ce départ ?
La lassitude sans doute. C'est un poste très prenant, il y faut un investissement constant pour régler des problèmes au quotidien, même si on a la chance d'avoir une secrétaire qui gère 9/10e de l'ensemble. Et depuis 1919, date de la création des Coquelicots, je suis le président qui a duré le plus longtemps. Au bout de 12 ans, il y a moins de motivation, on devient moins bon, on prend des décisions moins bonnes. On arrive à la fin d'un cycle.

SANS INSTALLATION PAS DE SALUT

À votre arrivée, le Coquelicot n'allait pas très bien. Aujourd'hui, on est loin de la gloire d'antan. Votre analyse ?
C'est vrai que l'on est parti de bas. Mais il y avait un gros enthousiasme et on a eu la chance d'avoir une génération exceptionnelle en particulier chez les filles et on est arrivé très haut. Mais on souffre que Saint-Étienne ne soit pas une ville universitaire comme Lyon ou Clermont, et on est redescendu par un manque d'infrastructures qui devient criant : à Saint-Étienne, on fait de l'athlétisme 7 mois et demi par an ! Je remercie au passage Saint-Genest-Lerpt qui nous accueille 2 fois 2 heures par semaine.
Ça nous pénalise de façon gigantesque; pourtant on ne demande rien de plus qu'une structure d'entraînement comme chez nos concurrents directs, à Lyon, à Annecy ou à Aix. On ne peut pas être à haut niveau en ne s'entraînant pas 4 mois par an. D'autant que cette situation engendre des blessures à la reprise.
Vous partez, mais c'est le moment que vous choisissez pour professionnaliser l'encadrement. Ce n'est pas trop tôt, ou trop tard ?
Il fallait trouver la bonne personne. C'est un phénomène de hasard ; nous avons recruté deux entraîneurs professionnels, l'un grâce à la fédération, l'autre grâce à notre gestion et l'aide des collectivités publiques sans qui l'athlé n'existerait pas.
Quels grands moments retiendrez-vous de votre présidence ?
Deux temps forts : le premier, c'est lorsque les filles gagnent à Bordeaux les Interclubs N1C ; on retrouve l'élite, c'est la bascule. C'est un moment important et très fort ; il y a là les filles dont je parlais tout à l'heure, les soeurs Coulaud, Fatima Hajami, Abderrhamanne, Macaud, Sophie Lopez...
Et puis, il y a les championnats de France en 2001. C'est un moment extraordinaire, la pérennisation du travail de toute une équipe de bénévoles ; c'était la première fois qu'un club organisait un championnat de France - d'habitude c'était les ligues - et avec l'aide de la Ville, tout a baigné.
Quant aux regrets ?
Un grand regret, c'est le départ du club d'Olivia Abderrhamanne : je n'ai toujours pas compris pourquoi. Et une déception, le départ de Victor Vial, pour la manière.
Si vous deviez citer un seul athlète, ce serait...
Moussa Barkaoui, sans hésiter. C'est le modèle de l'athlète de haut niveau, qui a su rester fidèle à son club, lui qui a pourtant galéré et qui a réussi malgré tout à atteindre le très haut niveau. C'est un homme exceptionnel.
On prête parfois au Coquelicot une volonté hégémonique, par exemple dans sa politique de recrutement. Vous plaidez coupable ?
Non ! On le voit d'ailleurs avec l'émergence du F.A.C. qui a profité du dynamisme de la Plaine. Mais il est certain qu'avec l'arrivée de Daniel Darien qui est une référence nationale dans le sprint, certains athlètes ont voulu saisir l'opportunité : c'est un phénomène naturel. Nous n'avons pas de volonté hégémonique ; simplement on a essayé d'être meilleurs et on y parvient parce qu'on sait gérer un peu moins mal le haut niveau. Et puis je pense qu'il faut savoir dépasser les querelles de clocher.
Si c'était à refaire...
Oui, bien sûr, sans hésiter. C'est une aventure humaine exceptionnelle. J'ai déjà pris du recul, mais je resterai au comité directeur du club. Je voudrais enfin rendre hommage à Frédéric Augagneur qui préside le comité de la Loire : il sait fédérer les gens et surmonter les problèmes.