«Si on avait pensé que ce cross existerait encore 25 ans plus tard ! » Il y a de l'émotion dans la voix du président de l'A.C.O. Et non seulement le Guy Dalban existe toujours, mais le club de Marcel Gaillard a bien fait les choses pour fêter ce quart de siècle d'existence : beau parcours, beau plateau, et un vrai temps de cross, une petite pluie fine, 2 ou 3 degrés à peine, de quoi booster les athlètes.
Et d'ailleurs, ça part vite dans la course des As Filles ; 6 570 mètres au menu et l'épreuve, couplée à la course populaire, enroule ses méandres dans le parc des Bruneaux. Elles sont trois prétendantes au sacre : il y a là Hafida Gadi-Richard qui a l'avantage du terrain et qui a déjà gagné l'an dernier, une grande et belle et blonde Roumaine, Catalina Oprea, et son opposée, la petite Joséphine Wanjiku, engagée dans un combat que l'on pourrait trouver par trop inégal.
Ces trois-là partent devant bien calées dans un groupe de 4 ou 5 « Populaires », et déjà le trou est fait : Kamla Parache et Maryline Vacher, les deux fers de lance Montagne de l'A.C.O., ne peuvent rester au contact : elles choisiront de faire course commune. Une attaque et voilà Joséphine qui file devant dans un groupe de quatre coureurs. La course s'égraine avec en tête Magaud et sur talons Thomas, le junior du Coq ; Hafida essaie de rester au contact mais la petite Kenyane attaque et file inexorablement. À l'amorce du dernier tour, le spectacle se joue derrière, dans un chassé-croisé entre les deux dauphines ; Hafida rétrograde et semble à la peine lorsqu'elle aborde le bois.
Elle en sortira pourtant en seconde position, une place qu'elle ne quittera plus, la Roumaine ayant renoncé à livrer combat : Catalina finira en roue libre. Quant à Joséphine, elle termine 3e au scratch, belle et facile gagnante du cross des As dames. Elle est sur les talons de Magaud qui avait mené les trois quarts de l'épreuve, mais qui s'est fait déposer par le jeune Thomas qui l'emporte largement détaché, avec un métier et un culot prometteurs.

LE JOLI COUP DE KYUI
« Vas-y, Moussa ! » Driss Maazouzi hurle depuis le bord pour encourager Barkaoui, son copain de club. On est au mitan de la course des As - 8 500 mètres d'un parcours très sélectif, très diversifié, avec de la boue et des dévers - et le décor est planté : ils sont quatre devant, avec Ziar, l'invité de dernière minute qui mène, Bérioui(photo ci-dessus) l'homme du cru qui gagna l'an dernier, John Kyui, le légionnaire qui n'est guère plus grand que Joséphine, et Moussa Barkaoui que l'on ne présente plus. Les autres ont lâché prise, le Roumain Irimia, deux autres légionnaires, Da Silva, et les jumeaux de la Montagne, les Messins Burrier.
Au troisième tour, Berioui prend les affaires en mains, un peu prématurément : il confiera plus tard s'être trompé dans le compte des tours et se croyait dans l'ultime boucle. On peut être finaliste olympique et commettre des erreurs de jeunesse. Kyui a répondu, mais Zyar et Barkaoui se laissent distancer. Bérioui semble s'envoler vers la victoire et l'écart se creuse avec son rival. Au sortir du bois, avant l'ultime partie à vue, on attendait Berioui et ce fut Kyui. Le légionnaire avait su attendre son heure et dans la bosse avait pris l'ascendant psychologique ; et cela, c'est l'arme fatale.
Derrière on en restera là. Et comme chez les dames, le vainqueur 2005 est second, le 4e est aussi un Ligérien ; lequel - Moussa Barkaoui en l'occurrence - confiait à l'arrivée : « J'appréhendais ce parcours, et j'avoue que je suis assez content. » Tout comme sans doute Jean-Marc Reynaud, l'entraîneur du Coq : ses « petits jeunes » ont réussi un joli tir groupé sur les talons des cadors.
PHILIPPE DÉCOT