Le Franco-Marocain de l'ACO Firminy, vainqueur devant le Grenoblois Mustapha Essaïd, relance sa carrière après avoir atteint la sixième place des JO de Sydney sur 10 000m
La course est finie depuis une dizaine de minutes. La cérémonie protocolaire vite expédiée, il a filé se changer par delà un champ de boue. Là, Saïd Béroui ressort de la tente de son club (l'ACO Firminy). Dans ses mains, une paire de pointes noires d'une couche de mélasse qu'il tapote contre un tronc. « Ce sont des chaussures très spéciales, sourit-il. Celles de la chance et du bonheur! Je ne les sors que pour les grandes occasions. »
Il les avait déjà aux pieds en novembre pour sa deuxième place au cross des Myriades de Saint-Priest dans la même seconde que le Marocain Samir Erouia. Il les chaussera encore dans trois semaines aux championnats de France disputés sur l'hippodrome de Vichy, où il faudra compter avec lui.
Même si ce n'était «que» les Pré-France, la valeur de sa victoire hier sur le vire-vire de Commentry, tout en montées/descentes, dévers et relances, doit se lire au regard de l'intensité du défi lancé à son vieil ami Mustapha Essaïd.
Avant le départ, les deux hommes s'étaient en effet concertés sur la stratégie à adopter et décidaient d'une mise en action rapide. Aussitôt dit, ils se retrouvaient isolés, loin devant Thibaut Naël (FAC ANdrézieux) excellent 3°, El Madi (4e) et Barkaoui, dont la foulée n'avait pas la légèreté habituelle. Le Stéphanois, champion de France de cross court et champion Rhône-Alpes du long, «bâchait» d'ailleurs à un tour de l'arrivée handicapé par un mal de dos.
Le duo de tête poursuivait quant à lui sur le même rythme (19km/h de moyenne sur 11,545km!), épaule contre épaule, jusque dans l'ultime rotation où le Ligérien plaçait l'attaque décisive.
« J'avais une crampe au mollet depuis un tour. Je n'ai pas voulu prendre de risque », expliquait Essaïd, auquel Bérioui rendait indirectement hommage. « Mes sensations étaient vraiment bonnes, disait-il. J'ai trouvé ici le type de parcours que je préfére. Battre un grand champion comme Mustapha va me donner une énorme motivation pour les France. »
Sélectionnable depuis juin 2006
Dans trois semaines, il bénéficiera encore des effets de son stage d'un mois à Imouzzer du Kandar, son village natal dans le moyen atlas. « C'était impeccable. J'ai revu ma famille et j'ai pu m'entraîner avec l'équipe nationale marocaine. »
Une sélection que le sixième des Jeux de Sydney sur 10 000m pourrait ne plus retrouver, pour revêtir le maillot de l'équipe de France dès les Mondiaux de cross de Mombasa (Kenya) le 24 mars. Arrivé en France au club de Boulogne-sur-mer en 1998 puis marié à une Stéphanoise, Bérioui possède la double nationalité franco-marocaine depuis juin 2006. « L'équipe de France, j'y pense, avoue-t-il. Je serais content si ça arrive en cross, mais je n'en fais pas un objectif prioritaire. Je pense plus aux Mondiaux d'Osaka. La dernière fois que j'y ai participé, c'était à Edmonton en 2001... Après je n'ai fait qu'enchaîner les blessures. » Apparemment, elles sont bien refermées.