Elle a 20 ans, poursuit ses études en STAPS pour devenir prof' d'EPS, ou peut-être plutôt professeur des Écoles, parce que dit-elle « Il y a plus de choses à tenter, on arrive plus à aider les plus jeunes lorsqu'ils sont en difficulté. » Voici donc Marine Drapier, ci-devant athlète au F.A.C. Andrézieux, l'enthousiasme et le sourire communicatifs, et le sport chevillé au corps et à l'âme.
L'athlétisme, pourquoi ?
« À Paris, je faisais plein d'autres sports ; j'avais 8 ans, j'étais au Racing et quand on s'est installé sur la région, il fallait faire un choix. J'ai penché pour l'athlétisme, à cause des victoires et aussi parce que j'apprécie les sports individuels. Même si, lorsqu'on est en échec, c'est plus difficile à vivre.
Vous avez terminé 4e en épreuves combinées aux France Espoirs, on vous voit sur le 800, on vous dit spécialiste du 400 haies. Où est la vérité ?
« J'ai toujours fait des combinées en parallèle des haies. J'en fais dès que je peux, parce qu'il y a toujours une super ambiance et tout le monde s'encourage. Alors que sur le 400 H., il n'y a pas un regard sur la ligne de départ. Quant au 800, je ne m'entraîne pas vraiment dessus ; c'est du provisoire parce que cet été je reviendrai sur le 400 haies. Le 800, c'est pour prendre un peu de caisse. Et de toute façon, l'hiver n'est pas un objectif principal ; en me diversifiant, cela me permet de varier mes entraînements »
On dit du 400 haies que c'est l'une des courses les plus dures, encore pire que le 400. Pourquoi cette spécialisation ?
« J'adore cette course. J'ai de mauvais souvenirs sur 400, une chute en série qui m'avait privée de finale. On doit se rabattre après 200 mètres et c'est très difficile de doubler. Pour réussir, il faut avoir le goût de l'effort, faire des choix tactiques pendant la saison. Le 400 haies, il faut le comprendre, il ne suffit pas de le pratiquer. Mais si les haies sont basses, 0,76 m, ce n'est pas seulement un 400 avec des haies. Il ne suffit pas d'avancer sur le plat pour réussir. Sauf, bien sûr si on s'appelle Marie-José Pérec »
Vous avez été souvent sur le podium aux championnats de France, jamais tout en haut. Vous vivez cela comment ?
« J'ai été 3e en cadettes et depuis, 4 fois vice-championne de France. Et ce n'est jamais la même qui est devant ! Quand j'étais plus jeune, c'était génial d'être seconde, mais maintenant... Chaque fois, ça passe pas loin. La moindre faute sur 400 haies et on paie cash »
Vos objectifs pour cet été ?
« Les championnats d'Europe. Les minima ne sont pas trop élevés - 60''40, et je vaux 59''20 - et on est 5 ou 6 à pouvoir les faire. Après, cela se jouera sur un meeting de sélection. Il faudra être dans les 2 ou 3 premières pour pouvoir aller en Hongrie mi-juillet. »
Et pas d'épreuves combinées ?
« Je serais plus douée au poids, mais j'y perds tellement de points... Je préfère la hauteur : j'ai franchi 1,72 m. Je ne suis pas une lanceuse, je ne peux pas être très ambitieuse. Donc pas de combinées cet été, tout sur le 400 haies.
Votre 4e place aux France Espoirs de combinées vous vaut une nouvelle sélection en équipe de France...
Je serai à Londres à la fin du mois pour un match Grande-Bretagne - Espagne - Allemagne - France. Ça m'oblige à renoncer aux championnats de France jeunes alors que je pense qu'un podium était possible sur 800. Mais la sélection prime ; c'est la huitième de ma carrière. Je pense que je ferai aussi l'impasse sur les France Élites cette fin de semaine, sauf sur le 800, peut-être. »
Votre avenir sportif, vous le voyez comment à long terme ?
Dans l'athlé, toujours. Moi, je sais que je courrai toujours. Plus on vieillit, plus on s'améliore : le 400 haies, c'est une course d'expérience, on le voit bien au niveau international. Je reste sur cette course tant que je m'améliore ; après, pourquoi pas sur 800. »
PROPOS RECUEILLIS PAR PHILIPPE DÉCOT