Ca râle, ça grogne et ça rouspète dans les rangs de l'équipe de France. Chef de file de la contestation, le numéro 1 français Julien Rancon. Lequel est licencié à l'A.C. Ondaine, meilleur club français de la spécialité la saison précédente. Petite enquête dans un département - la Loire - très impliqué dans le hors stade, avec en premier volet le point de vue du contestataire.
Qu'est-ce qui arrive dans la course de montagne? Il paraît que tout ne va pas pour le mieux. « Ca fait longtemps même qu'il y a un malaise : on manque de considération. La course de montagne, c'est la 3e ou la 4e roue du char. On se demande même si on en fait encore partie ». Comment en est-on arrivé à ce ras-le-bol? « Une accumulation de petites choses, par exemple l'annonce dans un premier temps de la non-participation aux championnats du monde de l'équipe de France. Ce n'est pourtant pas si loin, c'est dans le Valais suisse. On nous dit que ça a changé depuis mais on attend toujours les modalités de sélection. Au début, c'était non, maintenant c'est oui, peut-être. Mais le responsable de FFA des courses hors stade Jean-Jacques Renier nous a dit au stage du Bessat qu'il n'y avait encore rien d'officiel et que c'est le DTN qui prendrait la décision ».
« JAMAIS INVITÉ À AUCUNE MANIFESTATION OFFICIELLE DE LA FFA » Si le DTN hésite encore, c'est peut-être que les Français ne sont pas très bons ? « Aux derniers championnats d'Europe, on a fait le bronze en équipes filles, l'argent en équipes garçons et j'ai fait le bronze en individuel. Les prochains championnats d'Europe qui auront lieu en France seront sur le même profil - en montée et descente - que le championnat du monde où l'on avait fait deux fois 4e en équipes et le bronze en individuel chez les filles. Si c'est ça ne pas être très bons...». Vous dites manquer de considération. Mais concrètement cela veut dire quoi au juste? « Par exemple, on n'est jamais invité à aucune manifestation officielle de la FFA, on n'a jamais eu la moindre lettre de félicitations du président ou du DTN quand on a fait des médailles en compétitions internationales. Et dans ce cas, on n'a même pas une ligne dans la revue officielle de la FFA ! Et puis, on a beau être inscrit sur les listes du haut niveau, lorsque l'on demande des aménagements d'emploi du temps ou que l'on postule pour des postes réservés à des sportifs de haut niveau, on n'obtient jamais rien. On nous dit : «Vous êtes loin d'être prioritaires». Un employeur voit bien que l'on n'a pas beaucoup d'importance pour les instances sportives ». Mais la montagne, cela reste tout de même une «petite» discipline au sein de la grande famille de l'Athlé? « Peut-être, mais pourtant il y avait 23 nations classées aux championnats d'Europe de montagne, alors qu'au dernier Mondial de cross, il n'y en a eu que 13 seulement. Combien y a-t-il de disciplines au sein de l'athlé où il y a 23 nations représentées ? Moi je crois que l'on n'a rien à envier aux autres disciplines ».
« LES MOYENS SONT OÙ ? » Cette crise larvée intervient alors que la France organise les «Europe» en Juillet dans les Pyrénées « Oui, et nous dit de préparer ces championnats, parce que c'est en France et qu'il faut que l'on ait des résultats. Mais les moyens sont où ? Si on veut des résultats, il faut s'entraîner. Alors la solution, ce sont les congés sans solde. On le fait une fois, deux fois, trois fois, mais à force, on manque d'enthousiasme ». Qu'est-ce qui pourrait assainir la situation? « J'attends encore deux ou trois réponses. J'ai demandé un contrat d'insertion professionnelle et j'ai aussi fait une demande auprès de l'armée. Si ça n'aboutit pas, ce sera terminé. En l'état actuel des choses, je ne vais pas à la sélection des championnats d'Europe, à moins que les choses changent d'ici là. Ce serait un comble alors que je viens de gagner la première grande course de la saison à Satillieu avec 2'20'' d'avance ». Au sein de la sélection, vous êtes tous sur la même longueur d'onde? « Non, parce qu'il y en a qui n'attendent rien. Mais F. Lelut par exemple qui a fait 10e aux championnats d'Europe et second de la coupe de France a pris un détachement sans solde à mi-temps et il est comme moi : il aimerait bien voir les choses évoluer ».
« L'ORIENTATION, CE SERAIT LE TRAIL » Et si vous allez au bout, que vous abandonniez la course de montagne, y aurait-il un «après»? « L'orientation, ce serait le trail. Il y a là plus de reconnaissance parce que c'est plus médiatisé et il y a plus de partenaires parce que c'est plus porteur. Jusqu'à 40, 45 km, ça devrait aller. Cela dit, je tiens absolument à remercier le Conseil Général de la Loire. Sans lui, il n'y aurait pas de stages nationaux comme on les connaît au Bessat, et pas plus de championnat de France à Saint-Alban les Eaux l'été prochain ». PROPOS RECUEILLIS PAR PHILIPPE DÉCOT
Second volet de l'enquête la semaine prochaine: la parole sera alors à la défense.
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