Pourquoi mais pourquoi donc, ce raid nocturne que l'on disait quasiment moribond il y a quelques années est-il devenu depuis la course de tous les records ? Pas forcément pour son kilométrage : 69 km entre deux métropoles régionales, via les Monts du Lyonnais, cela est certes respectable, mais bon 3 000 mètres de dénivelé cumulé, il y en a bien d'autres et des pires ; un subtil mélange de trail et de parties bitumées, des formules solo ou par relais de 2, 3 ou 4 C'est peut-être un peu tout cela, mais surtout, surtout, et c'est une exclusivité, une épreuve qui avec un premier départ à minuit se déroule pratiquement intégralement de nuit. Sauf si on lambine bien sûr, si l'on se perd - ce qui est arrivé à plus d'un - ou si la neige s'en mêle : il fallut même arrêter l'une des éditions quand du côté de la Gachet on mesura pas moins de 40 centimètres de poudreuse ! Mais ce qui est le plus étrange dans cette SaintéLyon, c'est son pouvoir fédérateur, l'éclectisme de ces « amateurs éclairés » qui se retrouveront samedi en fin de soirée du côté de la Plaine Achille à Saint-Étienne. Pour s'en rendre compte, on a effectué un microsondage. Et c'est édifiant
Margerie Farre-Mallaval, 27 ans, attachée de recherche à Lyon 3 : « Je participe en relais par 4, et parce que « Espaces et courses » l'association de Monistrol à laquelle j'appartiens nous incitait à faire la SaintéLyon. Je cours sur la seconde partie entre Saint-Christo et Sainte-Catherine. On fait un repérage, mais en voiture. J'ai un petit peu peur mais on va voir ; je veux surtout finir correctement, ne pas décevoir mes équipiers On a fait des entraînements de nuit parce qu'on court beaucoup moins vite et au niveau des appuis c'est différent Mon mari m'a acheté une boisson énergétique, cette semaine, je vais me coucher tôt et m'alimenter un peu plus léger »
Dominique Teyssier, 40 ans, hôtelier - restaurateur au Bessat : « Toujours en duo avec mon frère Franck ; on a fait 6e et 5e l'an dernier mais Franck s'était perdu dans le brouillard. On y retourne avec de grosses ambitions, l'objectif, c'est au moins un podium. On a pour nous une bonne connaissance du parcours, une grosse motivation, un gros entraînement. On est motivés, c'est l'objectif de la saison. Bien sûr, on craint les conditions météo, d'être ralenti parce que les solos partent avant Ma partie est plus technique, il y a plus de dénivelé jusqu'à Sainte-Catherine, mais après pour Franck, c'est plus long, 39 km, presque un marathon. Il faudra bien gérer l'effort, ne pas s'enflammer, rester humbles. Après, la course reste la course »
Olivier Guillermin-Golet, 20 ans, étudiant en médecine à Saint-Étienne : « C'est ma seconde participation. Ce qui nous motive, c'est l'originalité de la course, une ambiance particulière qui nous avait beaucoup plu l'année dernière. On s'entraîne depuis la rentrée, on fait des kilomètres dans la forêt 3, 4 fois par semaine, parfois on fait du vélo Si, si, c'est sérieux : on a l'impression d'être très au point par rapport à l'an dernier. Le sommeil ? Pas de sortie la semaine qui précède. Je ne sais pas comment s'appelle l'endroit où je prends le relais. Sainte-Catherine, peut-être ? On n'a pas fait de repérage parce que c'est le même parcours ; il y a un peu d'angoisse quand même, la peur du coup de barre. Mais je courrai différemment, je prendrai une montre parce qu'en 2006, je ne savais pas où j'en étais : comme ça, je pourrai gérer autrement. »
Grégory Guinament, 35 ans, directeur de piscine à Génilac : « Je suis au F.A.C. depuis 20 ans ; c'est ma première participation et j'y vais parce que c'est l'aventure. Je pars seul sur un parcours complet et l'objectif c'est surtout de finir. Je pars sur un footing long, sur une base entre 12 et 14 km à l'heure. Je fais quelques courses nature, quelques petits trails, un marathon aussi, mais ce qui me manque, c'est le temps. Ce qui me motive, c'est vraiment la découverte, l'aventure. Est-ce que ça va passer ? Je sais que ça va être dur, mais je ne suis pas d'un naturel anxieux. »
Gilles Guichard, 45 ans, vainqueur en 2004 : « Faire au mieux. Je ne veux pas cacher mes ambitions, même si en ce moment, je ne sais pas trop où j'en suis. Je n'ai pas fait de sorties longues, parce que les fondations sont faites ; mais la SaintéLyon, ça reste mystérieux. Il y a 30 km de trail, le reste bitumé et roulant. La nuit, c'est particulier, on s'adapte ou pas Je vais calquer ma course sur celle de 2004 si je suis bien : pas très rapide jusqu'à Soucieu. On se tient à 20 secondes avec les vainqueurs de 2005 et 2006, Trottet et Raymond. Je ne veux pas retomber dans le piège à me tirer la bourre d'entrée de jeu. Et puis c'est la nuit, c'est l'hiver »
Propos recueillis par Philippe Décot
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