Bonjour le décalage! Saïd Berioui avait choisi la semaine dernière la ligne directe Maroc - Paris pour faire le lien entre sa préparation et sa rentrée au cross des Mureaux.
En trois heures de vol, le Stéphanois de l’ACO Firminy passait sans transition de la douceur du camp d’entraînement d’Ifrane aux premiers frimas de l’hiver. Autant dire que le 6e des JO de Sydney sur 10 000 m n’a pas fait une jaunisse de sa 5e place dans les Yvelines qui porte pourtant ombrage à son début de saison 2007-2008 à tout casser (doublé Allonnes / Volvic) : « J’étais fatigué, il faisait très froid avec de la neige et de la boue, je n’aime pas ça du tout, raconte-t-il. Face aux Kenyans, j’ai essayé de garder mon rythme. À chaque fois que je revenais, ils accéléraient. J’espère que ça ira mieux ce week-end… »
De retour à Saint-Etienne, il a passé la semaine à « faire du jus ». Que ce soit aujourd’hui à Volvic (où il défend son titre face aux Clermontois Theuri et Munyutu) ou demain aux Myriades à Saint-Priest, l’ex-Marocain naturalisé français en septembre 2006 entend cette fois convertir sa préparation commando en podiums. A Ifrane, il est chez lui, à quelques kilomètres de sa ville d’Imouzzer du Kandar où dès sa saison estivale terminée, il a fui la déception de sa non-qualification pour les JO de Pékin sur 10 000 m (malgré ses 27’59’’36 des championnats de France).

Comme les distractions manquent dans la station de l’Atlas, l’entraînement occupe ses journées : « On fait trois séances par jour, explique-t-il, avant le petit déjeuner, vers 10h30 et vers 16h30/17h. » Un régime « à la kenyane » qu’il assure avoir tenu depuis la fin du ramadan le 27 septembre. « Quand il part au Maroc, il s’entraîne dur, peut-être trop dur. C’est quand même traumatisant », observe Sylvain Richard, qui conseille Berioui lorsqu’il réside dans la Loire. En août, il fut contraint de lever le pied 25 jours pour une lésion aux adducteurs.
C’est aujourd’hui oublier. Reste à digérer… Cela peut prendre du temps mais il n’est pas pressé. Les championnats d’Europe (à Bruxelles le 14 décembre) dont les Myriades sont l’un des sept cross de sélection, ne l’intéressent pas outre mesure, alors qu’il avait dû y renoncer la mort dans l’âme l’an dernier en raison de la législation sur la qualification des athlètes naturalisés. « Je ne veux pas participer pour participer. Il y a un an, j’avais été déçu parce que je pouvais espérer un podium… » Son horizon semble cette fois plus lointain : « Je me suis préparé dans la perspective des Mondiaux (le 30 mars à Amman en Jordanie). Sinon, je n’écarte pas la possibilité de passer sur marathon. J’en ai discuté avec des athlètes qui me conseillent d’essayer. J’ai l’âge (ndlr : 33 ans), un bon entraînement, cela peut être très intéressant… »
Même s’il fait ce week-end bande à part, à l’écart des cadors français qui préfèrent pour la plupart disputer le cross de l’Acier à Leffrinckoucke, Berioui devrait en savoir plus long à l’arrivée des Myriades.

Benjamin Steen

Magali Di Marco au départ
Intégré cette année au Cross-country tour national - le fil rouge hivernal de la Fédération Française d’Athlétisme - et sélectif pour les championnats d’Europe (14 décembre à Bruxelles), le cross des Myriades réunira demain un beau plateau de niveau national. Outre Berioui (lire ci-dessus), qui fait figure de favori, le Marocain Abdelkader Lassar, les Burundais Ezekiel Nizigiyimana (1er des 10 km de Vénissieux) et Eric Niyonsaba (1er des 10 km de Caluire et 4e des Myriades l’an dernier), le Kenyan Daniel Wambugu ou encore le jeune athlète d’Andrezieux Thibaut Nael seront au départ. Du côté des Lyonnais, Carlos Da Silva et Karim Talaouanou (Lyon Athlé) tenteront de tirer leur épingle du jeu, tout comme Kaïs Bouziane, qui vient de terminer 2e du cross de Fontenay-le-Comte : « Je retrouve de bonnes sensations, dit l’ex-vainqueur du marathon de Lyon. J’aime beaucoup ce cross, je vais me battre pour obtenir un bon résultat. » Chez les femmes, le plateau présente un peu moins de densité. A noter la présence de la triathlète suisse Magali Di Marco (médaillée de bronze aux JO de Sydney) et de la « reine » du trail Karine Herry qui donneront la réplique aux jeunes régionales Anne-Cécile Thévenot (US Oyonnax) et Marie Alirol (Fac Andrézieux).

> CROSS DES MYRIADES, demain au stade Mendès-France à Saint-Priest
LE PROGRAMME - 9h30 : non licenciés; 10h15/10h35 : benjamins(es); 10h55/11h10 : poussins(es); 11h25 : lutins(es); 13h/13h20 : minimes g. et f.; 13h40 : cadettes; 13h55 : cadets; 14h15 : seniors licenciés; 15h00 : AS femmes (4900m); 15h30 : AS hommes (9000m).