A l’image de Mr Jourdain qui faisait de la prose sans le savoir, Julien Rancon se rapproche de la tête du TTN presque malgré lui, car en début de saison il n’avait pas forcément fait de ce challenge un objectif. Mais conformément au proverbe : « L’appétit vient en mangeant » et au fil des victoires engrangées de nouvelles ambitions naissent. Toutefois, le sociétaire de l’ACO Firminy ne délaisse pas pour autant la course en montagne. Vainqueur 2010 de la Montée du Grand Ballon, cette année, faute d’une préparation spécifique il se satisfera de la 3e place.

. Suite à ta victoire au Ventoux le 28 mars, quelle a été la suite de ton programme ?

-Le 1^er mai j’ai remporté le Nivolet-Revard devant Patrick Bringer. Ce jour-là, j’étais bien. J’avais de bonnes sensations Dès le 17^e km, je m’étais retrouvé seul. Ensuite, j’ai pu gérer une avance de 10’. Cette victoire confirme les précédentes, car j’ai encore gagné avec le même écart. Cela démontre également que mes sorties longues à l’entraînement s’avère efficiente. Sinon, depuis cette épreuve je n’ai pas recouru en compétition.

. Pourquoi tenais-tu à t’aligner à la Montée du Grand Ballon ?

-Déjà, je tenais à y aller par amitié pour l’organisateur. Après, puisqu’il s’agit de la seule manche de la Coupe du Monde disputée en France, l’élite nationale se devait d’être présente. Par contre, je n’en faisais pas un objectif, même si je voulais obtenir un bon résultat et défendre ma couronne, parce que je n’ai pas suivi une préparation optimale en vue de ce type d’effort. En raison du trail, je suis plus axé sur du long et entraîné à encaisser des épreuves de 4 heures. Là, ça ne dépasse pas une heure et je risquais de manquer de rythme et de puissance.

. Quelle est la spécificité de ce parcours ?

-C’est assez roulant durant les 4 premiers km, mais il faut se placer d’entrée, car à l’issue du 1^er km quand on aborde le sentier, se situe un goulet d’étranglement. Puis, à partir de Goldbach on attaque un gros dénivelé, suivi d’une légère descente qui permet de reprendre son souffle. Après suit une ascension assez roulante jusqu’au Col du Haag et à proximité du sommet cela devient plus difficile. D’une part on a déjà accumulé 10 km dans les jambes  et d’autre part à la sortie de la forêt, on prend le vent de face et le terrain devient technique avec beaucoup de cailloux.

. Comment as-tu vécu cette épreuve ?

-Je dirais plutôt bien en l’absence d’un travail spécifique montagne. Donc, je suis content. Surtout que j’ai été gêné par une bursite au tendon d’Achille que je traîne depuis un mois. Là, j’ai plus appuyé sur une jambe que l’autre. J’ai trouvé que c’est parti très vite. Quand Georges Burrier à placer une accélération dans le mur de Goldbach au 4^e km, j’ai lâché. En fait, j’ai également payé la note de ce départ trop rapide. Bon, comme je connais bien le parcours avec l’expérience, j’ai pu gérer. Je savais, où je pouvais tenter de relancer et où c’était dur.

. Souhaites-tu courir les Europe ?

-Les 4 premiers Français seront sélectionnés. J’en fais partie, mais je n’avais pas inscrits les Europe à mon programme, car je vais courir le TTN et comme ils sont prévus en juillet, cela tombe mal au niveau du calendrier. On ne peut pas jouer sur tous les tableaux. Toutefois, je vais réfléchir si malgré tout ce n’est pas jouable. Si je sens que ça ne passera pas, je déclinerai la sélection. Dans une telle hypothèse, je participerai aux France le 7 août à Tardets au Pays Basque et il sera toujours possible de se qualifier pour les mondiaux, prévus en septembre en Albanie.

. Quelles épreuves du TTN comptes-tu courir ?

-Dimanche, je serai au Pilat Trail. C’est une manche bonus. Donc, après Gruissan et le Nivolet, ça fera 3 épreuves. La 4^e, je ne sais pas encore laquelle ça sera. J’hésite entre Gérardmer, le Morbihan et la Côte d’Opale. Bon, Gérardmer, le 19 ça risque de faire court par rapport à la récupération. La Côte d’Opale, comme il y a beaucoup de coureurs, il y a moyen de bénéficier du bonus aux arrivants. A voir.

. Vises-tu la première place au TTN ?

-Maintenant oui, comme j’ai gagné deux épreuves qui comptent pour ce challenge. Pour l’instant, je suis second au classement derrière Manu Gault, mais lui a déjà aligné 3 courses.

. Penses-tu qu’il faut apporter des modifications au TTN ?

-Oui. Il n’est pas normal qu’il y ait 10 épreuves, alors que le classement se fait sur la base des 4 meilleurs résultats de chacun. De fait, il y a trop de courses. Ce qui permet aux meilleurs de s’éviter. Pour qu’ils s’affrontent, il ne faudrait pas que plus de 6 compétitions soient proposées. Egalement, je suis pour la suppression du bonus aux arrivants. Ca ne veut rien dire. Ca ne reflète pas forcément le niveau d’un trail. Ce n’est pas parce qu’il y a beaucoup de coureurs, que cela rassemble les meilleurs. Aussi, il importe de penser aux athlètes. 6 courses se concentrent sur mai et juin. C’est too much.  

Christophe Rochotte pour VO2/Runinlive